Quels sont les symptômes d’une vésicule biliaire malade ?

Les maladies de la vésicule biliaire avec formation de calculs sont extrêmement fréquentes, si bien que la lithiase biliaire donne lieu tous les ans en France à des milliers d’interventions chirurgicales. Pour bien comprendre les symptômes d’une vésicule biliaire malade, il faut d’abord comprendre ce qu’est la vésicule biliaire et quelles sont ses fonctions principales. Nous verrons ensuite qu’il existe deux types de maladies de la vésicule biliaire : celles liées aux calculs de la vésicule biliaire et celles liées au polypes de la vésicule biliaire.

Qu'est ce qu'une vésicule biliaire ?

La vésicule biliaire est une petite poche de stockage accolée au foie, qui recueille les sels biliaires fabriqués par les cellules hépatiques. Elle est reliée aux premières portions de l’intestin grêle (le duodénum), via le canal cholédoque. La vésicule biliaire et les sels biliaires participent à la digestion des aliments. L’arrivée du bol alimentaire dans les intestins déclenche la contraction de la vésicule biliaire, qui libère son suc dans le canal cholédoque puis le duodénum. Dans certains cas, cette vidange biliaire ne fonctionne plus, soit car la bile s’épaissit (on parle de « boue biliaire »), soit car elle se bouche avec la formation de calculs (on parle alors de lithiase biliaire ou cholélithiase). Ces calculs sont souvent constitués de cholestérol qui se cristallise et se densifie, avec parfois de la bilirubine, le pigment naturel contenu dans la bile, avec une couleur jaune verdâtre. On sait que l’obésité, le jeûne ou encore la grossesse ralentissent le fonctionnement de la vésicule biliaire.

Quels sont les symptômes d'une vésicule biliaire malade ?

Sur une simple boue biliaire, l’élimination de la bile est ralentie mais le plus souvent asymptomatique. Mais ce mauvais drainage peut avoir des répercussions en augmentant la pression en amont, jusqu’aux canaux hépatiques, l’inflammation de ces derniers donnant une cholangite ou une angiocholite. Un mauvais fonctionnement hépatique peut alors être constaté.

D’où viennent les symptômes des calculs biliaires ?

On estime que 80% des calculs biliaires sont asymptomatiques. Les symptômes sont en effet corrélés en partie à la taille de ces calculs, et surtout à leur position toujours très aléatoire :

• Ils peuvent créer un effet irritant et inflammatoire, la cholécystite ;
• Ils peuvent carrément boucher le canal cholédoque, partiellement ou totalement.

C’est dans ce cas que les symptômes sont les plus marqués, aboutissant à des crises de lithiase biliaire avec la colique hépatique.

Comment se manifeste la crise biliaire ?

Ces crises de lithiase peuvent être chroniques, ou évoluer sur des formes aiguës souvent plus graves, avec des durées allant de quelques minutes à quelques heures. Le signe principal est une douleur importante apparaissant dans la partie supérieure de l’abdomen, à droite ou au centre. Cette douleur peut irradier vers le dos et les omoplates. Le syndrome vagal associé entraîne sudation, pâleur et vomissements, avec parfois de véritables crises de colique hépatique très douloureuses. Une lithiase biliaire peut se compliquer par une surinfection bactérienne, pouvant être responsable d’une cholécystite (vésicule) ou d’une cholangiohépatite. Deux organes proximaux peuvent être atteints de manière secondaire :

• Le pancréas, avec une obstruction du canal pancréatique ;
• Le foie, avec une augmentation de la pression dans les canaux hépatiques, voire une infection ascendante (cholangio-hépatite).

La triade de Charcot associe alors ces trois signes cliniques :

• Syndrome fébrile
• Douleur hépatique et abdominale Ictère post hépatique (une forme de jaunisse), la peau et les muqueuses prenant une coloration jaune verte suite à l’accumulation de bilirubine ne pouvant plus être excrétée par le canal cholédoque et se retrouvant dans le sang (bilirubinémie).

Quels sont les facteurs de risque pour une pathologie biliaire ?

Les causes exactes de la maladie biliaire ne sont pas toujours identifiées, mais plusieurs facteurs de risques sont parfaitement connus.

Quels sont les sujets à risque pour une lithiase biliaire ?

On estime que 20 % de la population a des calculs biliaires, avec une incidence 2 à 3 fois plus élevée chez les femmes, notamment si elles ont eu au moins une grossesse. Les œstrogènes seraient un facteur favorisant. Les patients ayant subi une chirurgie bariatrique ont aussi 1/3 de risques de développer des calculs dans les mois suivant l’intervention, probablement car la vésicule a du mal à s’adapter à une digestion modifiée. Tous ne sont pas symptomatiques et le risque reste inférieur à celui induit par l’obésité elle-même. Enfin, la fréquence augmente avec l’âge ou chez les sujets atteints d’une maladie inflammatoire des intestins.

Quels sont les facteurs de risque des calculs biliaires ?

Toutes les variations importantes de poids constituent un facteur de risque, le plus souvent en modifiant le métabolisme du cholestérol : jeûne, obésité, amaigrissement important… vont ainsi jouer un rôle majeur. Le facteur de risque est ainsi augmenté par 2 avec l‘obésité, et par 3 avec la sédentarité. Des maladies métaboliques comme le diabète ou certains médicaments comme les hormones contribuent aussi à la formation de calculs biliaires.

Les maladies liées aux calculs de la vésicule biliaire

Ce sont de loin les pathologies les plus fréquentes car des calculs de la vésicule biliaire existent chez près de 10% des adultes et chez près de 20% des personnes obèses. Dans l’immense majorité des cas les personnes qui ont des calculs de la vésicule biliaire n’ont aucun symptôme. Quand les calculs créent des maladies il y a plusieurs tableaux cliniques possibles donnant des pathologies plus ou moins graves :

La dyspepsie ou les difficultés de digestion après les repas

Cette situation est la plus fréquente et précède volontiers les autres tableaux cliniques qui sont plus graves. Elle se manifeste par une mauvaise digestion avec une sensation d’écœurement ou parfois de nausées après les repas qui cède après quelques heures. Ce tableau clinique conduit que très rarement les patients à consulter leur médecin. La colique hépatique Elle correspond au « blocage » d’un des calculs dans le canal qui permet la vidange de la vésicule biliaire appelé le canal cystique. Cela provoque une douleur très violente dans la région de l’estomac ou du côté droit avec souvent une irradiation de la douleur dans le dos et/ou dans l’épaule droite. Cette douleur survient le plus souvent 2 à 3 heures après avoir mangé. La douleur dure de quelques minutes à quelques heures mais s’arrête lorsque le calcul se « débloque » du canal cystique. En général, cette douleur conduit à consulter en urgence et le diagnostic est facilement posé avec la réalisation d’une échographie du foie. Une opération chirurgicale pour enlever la vésicule biliaire vous sera alors proposée à distance de l’épisode et au cours d’une hospitalisation en générale en ambulatoire. La cholécystite aiguë ou infection de la vésicule biliaire Il s’agit de l’infection du liquide contenu dans la vésicule biliaire liée à l’impossibilité du calcul « enclavé » dans le canal cystique de se libérer. La vésicule ne peut plus se vider et le liquide biliaire s’infecte au bout de 6 à 12 h après l’apparition des douleurs, identiques à la colique hépatique. Il s’ajoute alors de la fièvre souvent à plus de 38.5°C au tableau clinique. Cette situation conduit pratiquement toujours à une consultation en urgence et à une opération chirurgicale pour enlever la vésicule biliaire en semi-urgence. L’angiocholite ou infection des canaux biliaires du foie Il s’agit du blocage par les calculs de la vésicule biliaire du canal biliaire principale appelé le cholédoque. Ce blocage empêche l’évacuation de la bile du foie dans les intestins et provoque une rétention de bile dan le sang appelée ictère ou « jaunisse » dans le langage courant. En effet, les patients, en plus de présenter les mêmes symptômes que la cholécystite aiguë, vont avoir un teint jaunâtre lié à l’accumulation de bile dans les tissus, notamment la peau et les yeux. Cette bile va s’infecter et l’infection peut-être très grave, menaçant le pronostic vital. Il faut intervenir en urgence dans cette situation en drainant le canal biliaire principal dès que possible, le plus souvent par des techniques endoscopiques, en passant par la bouche grâce à une fibroscopie spécialisée. Il faudra enlever la vésicule biliaire dans la majorité des cas. La pancréatite aiguë Il s’agit de l’inflammation de la glande pancréas liée au passage d’un calcul dans le canal biliaire principal. Le canal de Wirsung qui draine la glande pancréatique, se jette dans l’ampoule de Vater qui correspond à la terminaison du canal biliaire principale. Si un calcul se « coince » dans cette ampoule de Vater, il peut bloquer la vidange des sucs pancréatiques et déclencher une pancréatite aiguë. Le pancréas sécrète la plupart des enzymes de la digestion qui vont alors se déverser dans le ventre, déclenchant une sorte « d’auto-digestion ». Cette situation peut être bénigne mais peut aussi devenir extrêmement grave avec la mise en jeu du pronostic vital. Il faudra enlever la vésicule biliaire pour éviter les récidives. Les maladies liées aux polypes de la vésicule biliaire Comme tous les organes digestifs, la vésicule peut fabriquer des polypes qui pourront un jour évoluer vers un cancer de la vésicule biliaire. Le cancer de la vésicule biliaire est rare (2 cas/ 100 000 habitants) mais est souvent diagnostiqué tardivement. Quand un polype de la vésicule biliaire est diagnostiqué sur une échographie, il faut le surveiller annuellement s’il mesure moins de 1 cm et enlever la vésicule biliaire s’il augmente de taille entre deux examens ou s’il dépasse 1 cm. Le traitement des cancers de la vésicule biliaire est assez lourd. Il associe fréquemment une chimiothérapie et une chirurgie hépatique complexe.

Comment prévenir et traiter une vésicule biliaire malade ?

La prévention repose principalement sur une hygiène de vie correcte avec un poids stabilisé, et une alimentation équilibrée avec peu de matières grasses saturées, et peu de sucres. Le traitement médical de la lithiase biliaire est réservé aux cas les moins graves, et associe un traitement étiologique avec des cholagogues, et un traitement symptomatique avec des anti-douleurs. Des antibiotiques sont prescrits en cas de surinfection. Des acides biliaires peuvent aider à dissoudre les calculs, tandis que la lithotripsie peut parfois essayer de les fractionner par ultrasons. Le traitement chirurgical est le seul envisageable sur les formes graves, ou en cas de crises fréquentes et douloureuses. C’est une opération de chirurgie digestive classique, effectuée régulièrement sur des dizaines de milliers de patients tous les ans en France. La solution habituelle consiste à retirer la vésicule biliaire : cette cholécystectomie s’effectue si possible sur une vésicule biliaire sans inflammation ni infection, sauf urgence. Les suites d’une chirurgie de la vésicule biliaire sont en général assez bénignes et bien tolérées.